Le marché de la minceur ne s’est jamais aussi bien porté. Et pour cause : 55% des Français, hommes comme femmes, déclarent vouloir perdre du poids en 2014 . Nombreux sont ceux qui se tournent vers les compléments alimentaires pour atteindre ou stabiliser leur poids idéal. Ces compléments alimentaires sont conçus pour agir à un ou plusieurs niveaux : lutter contre la rétention d’eau, brûler les graisses ou modérer l’appétit. Comment agissent-ils et quelles sont leurs limites ?
Au-delà de cette déclaration d’intention, le problème de poids est bien une réalité pour 47% de la population française, soit près de 22 millions de personnes : selon l’enquête nationale 2012 sur l’obésité et le surpoids, 32,3% des Français sont en surpoids (indice de masse corporelle supérieur à 25) et 15% souffrent d’obésité (IMC supérieur à 30). En quinze ans, le tour de taille moyen a augmenté de plus de 5 cm (passant de 85,2 cm en 1997 à 90,5 cm en 2012). L’obésité continue d’augmenter en France, quel que soit le sexe, même si on observe un ralentissement de cette progression. Guère étonnant que le marché des compléments minceur se porte aussi bien. Ils détiennent 30% du marché des compléments alimentaires estimé à un milliard d’euros (étude Xerfi-Precepta). Ce sont eux qui connaissent la plus forte croissance (environ 4% par an). Parmi les 3 000 à 4 000 références disponibles sur le marché, 500 nouveautés sortent chaque année, ce qui représente 15% du total. Les consommateurs semblent donc toujours à la recherche du produit miracle, plus efficace que le précédent…
Mincir sans effort ?
Croire qu’à eux seuls les compléments minceur suffisent pour perdre du poids est une utopie. Stéphanie Petey, diététicienne : « Pour maigrir, il faut rééquilibrer et varier son alimentation, pratiquer une activité physique, apprendre à choisir les bons aliments. De manière générale, je ne recommande pas de compléments minceur à mes patients. Eux-mêmes me disent en essayer et être souvent déçus. »
Néanmoins, certains compléments à base de plantes peuvent accompagner la perte de poids. « On peut y avoir recours pour lever certains freins, notamment pour éliminer, comme les queues de cerise, l’artichaut ou le jus de bouleau. Mais je ne recommande pas les brûle-graisse, c’est un abus de langage, ni les coupe-faim, qui sont trompeurs. Je conseille de se tourner vers les produits les plus naturels possible. Certains produits privilégient le marketing au contenu », estime Véronique Nouvier, diététicienne nutritionniste. Plus inquiétant, selon une alerte lancée en 2012 par le CNRS, deux tiers des compléments alimentaires vendus sur Internet contiennent des composants inactifs, non contrôlés ou surdosés, voire interdits par les autorités de santé. C’est notamment le cas de la sibutramine, contenue dans certains coupe-faim.
Miser sur les produits naturels est le parti-pris des Laboratoires Phytoceutic. « Les consommateurs savent que l’efficacité des compléments minceur est difficile à prouver, pourtant ils continuent d’en acheter. Notre démarche est de ne pas faire de surpromesses, nous utilisons les actifs les plus reconnus, dont l’action a été démontrée, avec des formules les plus naturelles possible », explique Guillaume Cornu-Thénard, directeur général.
Principes et modes d’action
De nombreuses plantes sont connues pour faciliter la perte de poids. Leur usage traditionnel est très répandu, mais, bien souvent, les études scientifiques sur leur efficacité manquent ou sont peu probantes. Les compléments alimentaires minceur se répartissent habituellement en trois grandes familles, en fonction de la manière dont ils agissent sur l’organisme. Drainants, brûle-graisse ou modérateurs d’appétit, ces actifs sont formulés seuls ou en association.
- Les actifs drainants et diurétiques
Les actifs drainants ne font pas mincir à eux seuls, mais ils accompagnent la mise en place des règles diététiques. Produits aux vertus très anciennes, les diurétiques, en augmentant la circulation de l’eau dans le corps, facilitent le drainage et l’élimination rénale de l’eau. Ils permettent de réduire l’embonpoint causé par de la rétention d’eau et d’éliminer les toxines lors d’un régime, ou aux changements de saisons. Ils agissent sur plusieurs organes : le foie et les reins, dont ils augmentent la filtration naturelle, mais aussi le système lymphatique.
Les principales plantes connues pour cette action drainante sont la reine des prés, le frêne, le thé vert, le bouleau (bourgeons, écorce, sève ou feuilles), le pissenlit, l’orthosiphon (aussi appelé thé de Java), la piloselle et les queues de cerises.
- Les « brûle-graisse »
Certaines plantes ou composés sont considérés comme des « brûle-graisse », parce qu’ils accélèrent la « combustion » des corps gras par l’organisme et accroissent le métabolisme de base des cellules. Cette activation de la lipolyse participe au déstockage et à l’élimination des graisses accumulées dans les adipocytes, en transformant les triglycérides de réserve en acides gras libres, facilement mobilisables par l’organisme.
Le thé vert est « l’un des rares [compléments] à avoir démontré scientifiquement son efficacité », selon les docteurs Luc Cynober et Jacques Fricker. « La consommation de thé vert est associée à un meilleur équilibre de la glycémie, ainsi qu’à une légère baisse de poids. Cette baisse touche surtout la graisse abdominale, la plus néfaste pour la santé. » Cette action serait due non seulement à la caféine, mais aussi aux catéchines, qui augmentent les concentrations de noradrénaline dans l’organisme, un composé qui accroît les dépenses énergétiques et l’oxydation des graisses. Il est recommandé de ne pas dépasser trois à quatre tasses de thé vert par jour.
Le guarana, un arbuste originaire d’Amazonie, est également bien connu pour son effet brûle-graisse, dû à sa haute teneur en caféine, mais pas seulement. D’autres constituants agiraient en synergie, selon des études scientifiques qui montrent une efficacité supérieure à celle de la caféine seule. Pour un adulte, la dose de guarana est de 1 à 3 g maximum de poudre par jour. Le guarana est déconseillé aux patients hypertendus, aux enfants de moins de 16 ans, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes.
Autre plante d’origine sud-américaine et réputée pour ses effets brûle-graisse, le maté. Il contient lui aussi de la caféine, ou matéine. En outre, les saponines qu’il contient stimulent la thermogenèse (augmentation des dépenses énergétiques de l’organisme). La consommation de maté réduit aussi la progression du bol alimentaire hors de l’estomac, favorisant ainsi la satiété. L’orange amère (Citrus aurantium L.) est aussi connue pour activer la thermogenèse.
Autre plante très représentée dans les compléments minceur : l’ananas. On le classe habituellement parmi les brûle-graisse, pourtant son mode d’action est bien différent. Sa tige renferme une enzyme protéolytique, la bromélaïne. En fragmentant les protéines cloisonnant le tissu cellulitique, elle décongestionne les tissus, favorise la mobilisation et l’élimination des dépôts graisseux.
Le chrome est également populaire auprès des personnes qui souhaitent perdre du poids, mais plusieurs synthèses scientifiques ont conclu qu’il n’est pas efficace, même lorsqu’il est combiné à un programme d’exercices. Les compléments à base de magnésium, zinc, nickel ou cobalt n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. Par ailleurs, on recommande de ne pas dépasser 50 à 100% des apports nutritionnels journaliers recommandés.
- Diminuer l’absorption des graisses
Le chitosan est une molécule issue de la chitine, un constituant de la carapace des crustacés. Lors de sa dissolution dans l’estomac, il agit de façon naturelle et mécanique en formant un gel capable de capturer les graisses ingérées dans l’intestin (jusqu’à douze fois son volume). Cette association chitosan-graisse, non assimilable par l’organisme, est éliminée dans les selles. Prouvé in vitro, et in vivo chez certains animaux, cet effet est cependant à relativiser chez l’homme. Des études récentes ont montré que ce composé pouvait aider à la perte de poids, de façon modeste et uniquement s’il est associé à de saines habitudes de vie. De plus, il faudrait 4 à 5 g de chitosan, ce qui signifie huit à quinze gélules par jour… Cette dose n’est pas recommandée par les autorités.
- Les modérateurs d’appétit
Contrairement aux coupe-faim médicamenteux mis sur le marché qui agissaient sur le cerveau et causaient de graves troubles de l’humeur et du sommeil, les modérateurs d’appétit végétaux agissent mécaniquement en augmentant leur volume une fois dans l’estomac, provoquant ainsi un effet de satiété. L’idée de diminuer l’appétit pour réduire les prises alimentaires est séduisante, mais le surpoids est souvent lié à un problème de comportement alimentaire (grignoter, manger sans avoir faim, par exemple). « Ce n’est pas ça qui résout le problème. Celui-ci se situe au niveau du cerveau, et non de l’estomac », rappelle Véronique Nouvier.
Le konjac est un aliment courant de la cuisine asiatique. On extrait de ses tubercules les glucomannanes, des fibres alimentaires qui ont la propriété d’absorber plus de 100 fois leur volume. Outre l’effet de satiété, il diminue l’absorption des sucres et des graisses (éliminés dans les selles, à l’instar du chitosan). Il est recommandé de le prendre sous forme de gélule, toujours accompagné d’une légère prise d’aliment et d’un grand verre d’eau. Le nopal, un cactus originaire du Mexique, et les graines de caroube sont aussi connus pour agir de la même façon sur la satiété.
Le fucus est une algue brune bretonne très riche en minéraux, oligo-éléments, vitamines et iode. Cet iode stimule la glande thyroïde et favorise la production d’hormones qui diminuent les réserves de graisses. Riche en mucilage non absorbable, il gonfle dans l’estomac en se réhydratant, provoquant la satiété. De plus, sa richesse en vitamines et oligo-éléments permet de couvrir les besoins de l’organisme pendant les régimes.
Pour le Pr L. Cynober et le Dr J. Fricker, il ne faut pas attendre de miracles : « Nul besoin pour autant de se gaver de gélules à base d’extraits de cactus ou de fibres d’ananas. Il sera plus naturel, plus sain et plus savoureux de commencer chaque repas avec des légumes [crudités, potage ou en plat principal]. » Ils recommandent également de ne pas abuser des compléments alimentaires, de respecter les doses et de les utiliser sous forme de cures, et non de manière continue.
Stéphanie Robert