La pollution est devenue un enjeu de santé publique partout dans le monde. En 2015, selon l’OMS, les villes les plus polluées de la planète ne sont pas celles que l’on croit. Même si en Chine, la pollution de l’air ambiant contribue à elle seule à plus de 1.2 millions de morts et se classe numéro 4 des facteurs de risque, elle ne figure pas dans le top 10 des villes les plus polluées, qui affiche : New Dehli (Inde), numéro un, avec 153 microgrammes de particules par m3, suivie de Karachi (Pakistan), Doha (Qatar), Kaboul (Afghanistan), Dacca (Bangladesh), Le Caire (Egypte)… Qu’en est-il des effets de cette pollution sur la peau ?
Les recherches en cours
De récentes études montrent qu’un environnement pollué altère la barrière cutanée et provoque divers désordres comme les taches pigmentaires, le vieillissement de la peau, ou encore l’oxydation du sébum . Mais les mécanismes impliqués ne sont pas encore bien caractérisés. En cause, les particules, les métaux lourds, et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) photo réactifs et phototoxiques. Ainsi, la lumière du soleil et la pollution pourraient agir en synergie, avec un effet néfaste pour la peau. Des expositions chroniques à ce stress photo-polluant (lumière + PAH) altèrent l’homéostasie cutanée . Parmi les longueurs d’ondes étudiées, les UVA1, dits longs, induisent une phototoxicité plus importante que les autres. Autre observation intéressante : le suivi de sujets surexposés comme les ramoneurs qui inhalent de manière chronique, les particules les plus cancérigènes, a montré que ces polluants se retrouvaient dans le sang, les cheveux (le follicule pileux est un bon marqueur de la pollution) et la peau. Déjà en 2010, le Pr. Krutmann, avait étudié l’exposition des humains aux particules aéroportées émanent du trafic routier. Il avait pu montrer que cette pollution induisait la formation de rides et de taches pigmentaires. Cet effet était particulièrement important avec la suie ou des PAH comme le benzopyrène. Face à ces découvertes, les fournisseurs de la filière cosmétique ont travaillé sur le sujet et proposent aujourd’hui des actifs capables d’agir sur différents mécanismes d’action.
Elaborer un bouclier protecteur
Une des protections les plus évidentes est d’empêcher les polluants d’agir à la surface de la peau en leur imposant un bouclier de protection complet dont la protection solaire (UV et IR) afin de limiter les phénomènes oxydatifs et leurs conséquences.
L’actif Soliberine® développé par la société Greentech est issu de la fleur de l’arbre à papillons du Sichuan. Cet actif, ultra-concentré en verbascoside et echinacoside, absorbe une grande partie des rayonnements UV nocifs pour les cellules cutanées. Il inhibe la transformation trans/cis de l’acide urocanique et ses effets délétères, notamment la production excessive de ROS générant un important stress oxydatif. Les tests in vitro montrent une diminution de 50 % de cette transformation (dès 0,7% d’actif). Il lutte également contre le vieillissement prématuré, en protégeant l’ADN des cellules et inhibe la synthèse de MMP-1, préservant toutes les fibres de la matrice dermique. Il diminue de près de 20%, la peroxydation lipidique induite par les UV. Soliberine® stimule aussi les mécanismes de détoxification cellulaire, les systèmes endogènes de défense de la peau. De ce fait, l’actif réduit la production de radicaux libres induits par les divers stress et inhibe la synthèse de médiateurs de l’inflammation (leucotriènes).
Autre proposition de la société Lipotec : Pollushield™ créé une barrière entre la peau et les polluants tout en stimulant les défenses antioxydantes. Cet actif offre deux effets complémentaires: la fixation des métaux toxiques par un polymère par effet de chélation pour prévenir leur interaction avec la peau ainsi qu’une puissante action antioxydante.
Agir sur l’hormone du stress
La notion de stress est large. Scientifiquement, tout élément, ou agent induisant une réponse physiologique par l’organisme, est qualifié de stress. Pour Fabrice Lefèvre, directeur Marketing et Innovation chez Givaudan Active Beauty, « Cette réponse au stress implique l’axe HPA (hypothalamus pituitary gland adrenal) qui lance instantanément la production de deux hormones : le cortisol pour mobiliser les ressources énergétiques du corps et l’adrénaline pour augmenter la tension artérielle et l’accélération du cœur.
Ce mécanisme permet la réponse « fuite ou combat » qui a permis la survie des espèces. Selon cette définition, tout type de pollution par radiation (UV, lumière bleue, IR) ou par composés (particules fines, fumée de cigarette, composés aromatiques polycycliques), ou encore par gaz tels que l’ozone sont des agents de stress aigus pour la peau. En exposition simple l’organisme, la peau peut se défendre. Mais en chronique, les fonctions métaboliques sont débordées, d’où l’épuisement cellulaire ».
L’actif Neurophroline™de Givaudan Active Beauty appartient à la toute première génération d’actifs cosmétiques biomimétiques capable de bloquer la production de cortisol. Développé à partir de graines d’indigo sauvage, par fractionnement végétal, et traditionnellement utilisé en médecine ayurvédique, cet actif revendique également une action sur la libération d’endorphines. Les résultats sont visibles dès 2 semaines.
La thématique pollution est un axe important chez Givaudan Active Beauty. Plusieurs thématiques de recherche sont en cours comme celles portant sur des ingrédients multifonctionnels offrant de plus larges bénéfices (polymères disperseurs de filtres UV) ou encore la capacité du stratum microbium à activer des voies de détoxification.
Solliciter les mitochondries
Mitokynyl® (Silab) est un actif naturel antipollution, issus de Pichia heedii, levure isolée du cactus Saguaro, riche en glucomannanes. Sa singularité : il est capable de lutter contre les méfaits du stress environnemental grâce à un mécanisme de communication intracellulaire sophistiqué. Sous l’effet de la pollution, les mitokynes libérés par la mitochondrie connectent la peau à son environnement et initient une réponse anti-stress adaptée. Mitokynyl® régule les deux voies biologiques majeures de réponse à un stress polluant : la synthèse des mitokines (prohibitines) est normalisée et le récepteur aryl-hydrocarbone est inactivé. Il assure une fonction barrière efficace, stratifiée et fonctionnelle et optimise la couleur et l’éclat du teint.
Nous ne sommes qu’au début de la compréhension des effets néfastes de la pollution sur notre peau. Mais d’ores et déjà, nous savons qu’une protection cosmétique efficace existe, combinant protection solaire et lutte contre le stress polluant.
Michèle Vincent
- Vierkötter, A., T. Schikowski, U. Ranft, D. Sugiri, M. Matsui, U. Krämer, and J. Krutmann, Airborne Particle Exposure and Extrinsic Skin Aging, J. Invest. 130.12 (2010) 2719-2726 M. A Lefebvre, D. -M Pham, B. Boussouira, D. Bernard, C. Camus, and Q. -L Nguyen, Evaluation of the Impact of Urban Pollution on the Quality of Skin: A Multicentre Study in Mexico, Int. J. Cosmetic. Sci. 37.3 (2015) 329-338
- Vierk ö Tter et autres, 2010; Lefebvre et autres, 2015
- Soeur, l’Oréal, JJPM 2016